Toutes les personnes avec qui nous avons discuté (on a rencontré beaucoup de connaissances) semblaient d'accord sur l'ambiance teinte de nostalgie et de tristesse. Voir toutes ces années - ces siècles - d'histoire bradées et comercialisées, analysées et souspesées. Tout ceci parle de finitude, du passage du temps, de mortalité, de l'oubli. Quand je meurs, qui se souviendra de moi?
Mes enfants.
Peut-être mes petits-enfants.
Et après?
Dans ce contexte de vieilleries et de souvenirs, c'était drôle de voir des signes de jeunesse et de vie un peu plus récent, comme cet autocollant sur un miroir dans une des chambres.
Ce qui m'a aussi frappé c'est que voilà: les riches d'il y a 200, même 100 ans, vivaient dans des conditions (de froid et d'humidité) que même les plus pauvres (chez nous en tout cas) n'ont plus à supporter.
All the people who we chatted in (we met lots of acquaintances visiting at the same time) agreed that the atmosphere was one of nostalgia and sadness. To see all those years - centuries - of family history being analysed, priced and sold off. It speaks of finitude, the passage of time, mortality and oblivion. When I die, who will remember me?
My children.
Maybe my grandchildren.
And after?
Another thing that struck me was how the very rich used to live 200, or even 100 years ago: big properties, yet, but distinctly cold and humid. Even the 'poor' here wouldn't put up with the same conditions any more.
Une chose que la famille ne bradait pas, c'était les portraits de tous leurs ancêtres. Celui-ci a particulièrement retenu mon attention, par la beauté de la fille, mais aussi un certain regard 'moderne'. Pas les visages figés et pompeux qu'on voyait habituellement à l'époque.
Elle s'appelait Ellen. Et grâce à l'internet, j'ai découvert un peu son histoire. Et quelle histoire!
Pour commencer, elle est "l'intruse", puisqu'elle était américaine. Et jeune, et jolie. C'est Paul-Daniel-Gonzalve Grand-d'Hauteville (
14 août 1812- 23 mars 1889) qui est tombé sous son charme. Et peut-être elle sous le sien...
Mais, comme c'était le cas à l'époque, il n'y avait peut-être pas que de l'amour: en tout cas dans la tête des parents. Voyez: monsieur Paul-Daniel-Gonzalve avait un titre ('baron', et un nom à rallonge), et l'aura de noblesse de "la vieille Europe", la famille Sears par contre, avait des sous. Donc c'était du 'win-win' comme on dit.
Seulement que les choses ne se sont pas déroulés comme prévu, même si c'était hautement prévisible...
Et c'est ici que les choses se coursent, parce que dans un différend entre deux personnes, il y a deux histoires et, comme de nos jours, à lire c'est difficile parfois de se faire une opinion.
One thing the family wasn't selling off was the family portraits. This one in particular caught my attention, by her beauty, but also a sort of 'modern' look. Not the stern and pompous expression typical of those times.
Her name was Ellen. And, by the magic of internet, I've gleaned some of her story. And what a story!
To start with, she was an outsider, as she was American. And young, and beautiful. Paul-Daniel-Gonzalve Grand-d'Hauteville (
14 août 1812- 23 mars 1889) fell for her, and maybe she for him.
But as was often the case in those days, there wasn't just love in the air: in any case not where her parents were concerned. Mister Paul-Daniel-Gonzalve was titled ('baron', and with a posh surname too), and brought with him the aura of noble European respectability, and the Sears family had money. So it was a match made in heaven.
But things didn't go quite as expected, even if what transpired was to be expected...
And this is where interpreting what happens gets difficult, because as is always the case when there is a disagreement, you get two different stories, and it's difficult to try and tease out the truth.
Toujours est-il qu'après quelques temps aux USA, monsieur a raméné sa jeune épouse en Suisse. Et la belle mère avec! Et voilà que de fil en aiguille les choses se sont gâchées. Selon les dires de lui, faute à la belle mère. De l'autre côté, on reprochait à Paul-Daniel-Gonzalve d'avoir peu d'égards des femmes. Et puis voilà qu'Ellen tombe enceinte, et voilà qu'elle repart aux US, et voilà que monsieur va aussi aux US pour récupérer sa femme et sa fille. Et voilà que ça fini au tribunal.
Et voilà que maman Ellen a gain-de-cause !
Ce qui est devenu normal de nos jours était inouï à l'époque - qu'une mère obtienne la garde de son enfants simplement parce que l'enfant avait "besoin de sa mère" et par aucune faute du père. C'était
tellement inouï qu'on parle de '
The d'Hauteville case'. (Aussi
ici)
Il y a
ici un récit fascinant (in English), qui prend clairement le côté du papa, et met une grande partie de la responsabilité sur la belle mère. Je n'ai pas encore tout lu, mais il y a des citations qui valent la peine:
"Il semblerait qu'une des meilleures utilisations de l'institution du mariage est qu'elle apporte avec elle l'usure qui exposera au grand jour des maux qui autrement resterait à jamais cachés."
"... Mais il doit être soigneusement rappelé que le bonheur général de la vie conjugale est garanti par son indissolubilité. Lorsque les gens comprennent qu'ils doivent vivre ensemble - à l'exception des quelques raisons admises par la loi - ils apprennent, en s’accommodant l’un et l’autre, à adoucir leur joug commun dont ils savent qu'ils ne peuvent pas se débarrasser ; ils deviennent de bons maris, et de bonnes épouses, à travers l’obligation de rester maris et épouses ; car la nécessité est une redoutable maîtresse pour enseigner les devoirs qu'elle impose. S’il était une fois entendu qu’en cas de dégoût mutuel, les personnes mariées pourraient être légalement séparées, de nombreux couples - qui passent maintenant à travers la vie avec un certain réconfort mutuel, en prêtant attention à leur descendance commune et à l'ordre moral de la société - pourraient être en ce moment en train de vivre dans un état de méchanceté mutuelle - dans un état d'éloignement de leurs enfants en commun - et dans un état d'immoralité la plus licencieuse et sans réserve. Dans ce cas comme dans beaucoup d'autres, le bonheur de certains individus doit être sacrifié pour le bien le plus grand et le plus général. "C'est des phrases à rallonge, comme c'était le cas dans le temps quand on n'avait pas la télé! Mais ça vaut la peine d'être lu. Ce n'est pas plus à la mode que la garde paternelle, mais cela rejoint une de mes 'théories': qui est que le choix rend faible. Ou plutôt que le choix nous permet de prendre le chemin de facilité, et éviter de découvrir nos forces.
A suivre...
Anyway, after a while spent in the USA, Paul-Daniel brought his young bride back to Switzerland. And the mother-in-law too! And over the ensuing months, things went from bad to worse. From his point of view it was the mother-in-law's fault. The opposing point of view was that he was not particularly galant or attentive. But Ellen managed to fall pregnant, and went back 'home' to the USA, gave birth, and the father followed after to recover his wife, and his son. And it finished in court.
And mummy Ellen won!
What is commonplace nowadays was completely unheard of in those times - that a mother should get parental rights simply because a 'child needs their mother' and through no fault of the father. It was so exceptional that it is known of in American jurisprudence as '
The d'Hauteville case'. (Also
here)
There is a fascinating analysis
here, which clearly takes the side of the father, and throws most of the responsibility onto the mother-in-law. I haven't read all of it, but here are some choice quotes:
"It seems to be one of the best uses of the institution of marriage that it brings with it that attrition which will expose to the light evils which would else remain forever hid."
"... yet it must be carefully remembered that the general happiness of the married life is secured by its indissolubility. When people understand that they must live together, except for a very few reasons known to the law, they learn to soften by mutual accommodation that yoke which they know they cannot shake off; they become good husbands, and good wives, from the necessity of remaining husbands and wives; for necessity is a powerful master in teaching the duties which it imposes. If it were once understood, that upon mutual disgust married persons might be legally separated, many couples, who now pass through the world with mutual comfort, with attention to their common offspring and to the moral order of society, might have been at this moment living in a state of mutual unkindness - in a state of estrangement from their common offspring - and in a state of the most licentious and unreserved immorality. In this instance as in many others the happiness of some individuals must be sacrificed to the greater and more general good."A bit long-winded, as writing tended to be in pre-telly days. But worth reading. The point of view expressed here is no more fashionable today that paternal rights, but it chimes with one of my own pet theories, which is that choice makes you weak. Or rather that having a choice means that you can take the easy way out and never discover your strengths.
To be continued...