(You can choose or or both)

Saturday, June 23, 2018

Ode to Friendship ... Eloge de l'amitié

Imaginez deux adolescents qui, par des rencontres occasionnelles à travers des connaissances mutuelles, développent une amitié intermittente. Malgré de multiples déménagements, et des moments à l'étranger, l'amitié se poursuit en douceur. Des esprits qui se ressemblent, qui n'ont pas vraiment besoin d'en dire beaucoup pour savoir qu'ils partagent les mêmes traits de pensée. L'un se marie, et puis l'autre, qui déménage à l'étranger à long terme. La relation ayant toujours été basée sur les moments - le plus souvent fortuits - passés en compagnie l'un de l'autre, les choses se sont tues par une absence prolongée.

Puis un jour, sur un coup de tête, l'un des deux a pris son clavier et s'est assis pour écrire un long et paisible courriel racontant où il en était. La tâche de résumer cette grosse tranche de vie qui s'était déroulée entre deux l'a forcé à "dézoomer" et à adopter une vision à long terme, ce qu'il a trouvé personnellement bénéfique.

Compte tenu de la taille de la missive et de l'attention qu'il fallait lui accorder - en lecture et en réponse - l'autre garçon-devenu-un-homme-et-pourtant a mis plus de temps à répondre qu'il ne s'attendait.

Et ainsi les deux sont tombés dans une étrange danse épistolaire au ralenti, où les mails étaient échangés en alternance au mois de janvier - oui, vous avez bien compris - une année un email, l'année suivante la réponse, et ainsi de suite.

Et ça a continué comme ça, cinq ans, dix ans ? Ni l'un ni l'autre ne se souvenait vraiment, ni se donnait la peine d'allait contrôler. Qu'est-ce que ça changeait de toute façon ? L'important était cette expérience étrangement satisfaisante et désynchronisée de communier l'un avec l'autre, mais aussi avec soi-même - au présent et au passé - sur d'énormes périodes de temps (par rapport à nos habitudes modernes). Les deux, à leur tour, savouraient le moment (qu'il fallait déjà trouver, souvent lorsque le reste de la famille était au lit) de s'assoir avec un bon whisky, de relire la missive de l'année précédente, puis de répondre et de réfléchir sur leur propre vie ; de prendre plaisir à façonner des pensées et des mots dans le confort de leur propre esprit.

Ils étaient conscients, et en riaient, de cet étrange état des choses et évoquaient parfois la possibilité de s'accorder une exception à la règle. Mais à chaque fois, ils se sont éloignés du bord de la falaise ; trop inquiets qu'une telle concession à la normalité puisse briser la magie.

Et puis, un an, dans un court courriel hors cadence, l'un a suggéré à l'autre qu'il pourrait lui rendre visite. Mais en l'occurrence, les horaires ne se sont pas alignés et encore douze mois se sont écoulés.

L'année suivante, à la fin de son message, il réitère sa suggestion, et est légèrement perplexe de ne pas recevoir de réponse. Il s'est avéré que l'autre avait choisi de lire et de répondre progressivement sur plusieurs mois, et n'a pas atteint la partie importante avant mars !

Néanmoins, des plans ont été faits, des billets ont été achetés, des congés ont été demandés, et quelques mois plus tard - dans le jardin d'un bar à Lausanne - les deux amis ont été réunis.

Pour la première fois en dix-neuf ans.

Le reste de l'histoire, le temps seul le dira. Cette visite aura-t-elle "tout foutu en l'air", comme l'un l'a suggéré en plaisantant à l'autre, au moment de se quitter ?

Peu importe.

Quelques larmes ont été versées après quatre jours intenses passés ensemble, mais comme l'un d'eux a remarqué à sa fille (également en larmes) sur le chemin du retour de la gare :

C'est bien d'être triste à propos d'une belle chose.

et

Il y a des amitiés qui peuvent survivre à une absence de dix-neuf ans et en sortir renforcées.

Imagine two teenage boys who by occasional encounters through mutual acquaintances develop an intermittent friendship. Despite multiple moves around the country, and seasons abroad, the friendship trundles on gently. Like minds not really needing to say that much to know that they share many of the same quirks of thought. One gets married, then the other, who moves abroad long term. The relationship only ever having been based on the - mostly serendipitous - moments spent in each other's company, things went silent though prolonged absence.

Then one day, on a whim, one of the two took up his keyboard and sat down to write a leisurely and lengthy email recounting where things were at for him.  The task of summing up the large intervening chunk of life forced him to 'zoom out' and take the long view, which he found personally beneficial.

Given the size of the missive, and the attention needed to give it due respect - in reading and in replying - the other boy-become-a-man-and-yet ended up taking rather longer to answer than he expected.

And so the two fell into a strange slow-motion ritual epistolary dance, where mails were exchanged on alternating Januarys - yes, that's right - one year one email, the next year the answer, and so on.

And so it went on, five years, ten years? Neither could really remember, nor bother to look it up. What difference did it make anyway? The important thing was this weirdly satisfying out-of-sync experience of communing with each other, but also with oneself - present and past - over enormous periods of time - by modern standards. Both, when their turn came, would savour the moment (which took some finding, often when the rest of the family were in bed) of sitting down with a good whisky, re-reading the previous year's missive, then simultaneously replying and reflecting on their own life; taking pleasure in crafting thoughts and words from the comfort of their own mind.

They were laughingly self-aware about this strange state of affairs and sometimes evoked the possibility of allowing themselves the odd exception to the rule. But each time, they stepped back from the brink; too worried that such a concession to normality might break the magic.

And then, one year, in a short out-of-turn email, one suggested to the other that he might visit. But as it happened, the timetables didn't line up and twelve months drifted/raced by.

The following year, at the end of his message he reiterated his suggestion and was mildly perplexed to not get an answer. As it turned out, the other had opted to gradually read and answer over several months, and didn't reach the important part until March!

Nevertheless, plans were made, tickets were bought, time-off was requested, and a few months later - in the back garden of a bar in Lausanne - the two friends were reunited.

For the first time in nineteen years.

What the rest of the story is, time alone will tell. Will this visit have "screwed everything up", as one jokingly suggested to the other, on parting?

Whatever.

Tears were shed after four intense days together, but as one said to his daughter (also teary) on the way home from the station:

It's good to be sad about a beautiful thing.

and

There are friendships that can survive a nineteen year absence and come out stronger.





Tuesday, June 19, 2018

Jordan Peterson, again

Je réfléchis à nouveau au sujet de Jordan Peterson (quelle surprise...), et je commence à avoir des pensées légèrement critiques (du progrès ?!), bien que, comme vous le verrez, pour l'instant seulement au niveau de la communication.

Un article cinglant à son sujet est sorti dernièrement, et a fait du foin à cause de son soutient pour la "monogamie forcée", ce qui sonne plutôt mal, mais il s'avère qu'il s'agit d'une notion sociologique bien connue. Enfin, bien connue des sociologues. Et c'est là que réside le problème numéro un : il semble trop présumer des connaissances de son public.

Le problème numéro deux, c'est qu'au-delà des mots longs, il y a les longs discours. Vraiment long, genre, la longueur de trois prèches (selon votre église, bien sûr).

Ces deux problèmes font en fait partie de l'attrait de la plupart de ses disciples : il qui va à contre-courant de la culture du Tweet, qui ne traite pas ses auditeurs comme des enfants, mais qui les pousse  à améliorer leur vocabulaire et leur capacité d'attention.

Mais maintenant, il attire l'attention de l'autre type de personnes, auprès de qui il est bien moins compréhensible. Bien sûr, il s'agit en grande partie de mauvaise foi et de stupidité de la part des médias. Mais parfois, si on veut atteindre un public plus large, il est sage d'essayer d'adapter ce qu'on dit, pour au moins faire passer quelque chose à travers les filtres défectueux.

Une autre chose qui m'a fait réfléchir était le débat 'Munk' plutôt catastrophique sur le 'politiquement correct'. Vous devriez y jeter un coup d'œil, si vous arrivez à le supporter.

Qu'est-ce qui était si horrible ? Eh bien, il y avait la femme qui a dit qu'en fait elle ne se souciait pas du sujet du débat, elle était juste là pour avoir une chance d'attaquer Peterson. L'homme noir avec elle qui a dit et redit que Peterson était de "un blanc, méchant et en colère", et qui a abusé libéralement de l'ambiguïté de "you" dans la langue anglaise pour accuser Peterson - et tous les blancs partout - de tous les maux qui sont arrivés aux gens non-blancs au cours des 400 dernières années. Puis Peterson qui parlait du groupe et de l'individu et de "quand la gauche va trop loin". Et le pauvre Stephen Fry qui répétait simplement : "Je pensais que nous étions censés débattre du politiquement correct ?"

Pourquoi Peterson parlait-il du groupe et des identités individuelles ? Qu'est-ce que cela a à voir avec le politiquement correct ? Pourquoi établit-il un lien avec les États totalitaires ? Où est le Peterson qui a donné la charmante série de conférences "Interprétation psychologique de la Bible" ? Pourquoi se laisse-t-il prendre dans cette tempête politique ? Qu'est-ce qui relie tout cela ?

Alors, à quoi ressemblerait la version du Reader's Digest de Jordan Peterson ?

Je vais choisir "dire la vérité telle que je la vois" comme axiome central à travers lequel nous pouvons comprendre ce qu'est Peterson.

Bien sûr, comme il dirait, "cela dépend de ce qu'on entend par 'vérité'". Peterson est un pragmatiste, donc il ne s'intéresse guère à une vérité pure, théorique et inaccessible. Donc - très largement parlant - si le fait d'agir sur cette vérité, dans le monde, apporte le résultat attendu, cela signifie que c'est "assez vrai".

Le "tel que je le vois" n'implique pas une subjectivité pure - ce que je ressens, ou ce que j'aimerais que soit vrai - mais une simple reconnaissance que nous sommes des êtres finis dans un univers (essentiellement) infini. C'est encore une fois l'approche pragmatique : ne pas attendre la connaissance absolue avant de s'exprimer.

Cela correspond à bien des égards à la notion de connaissance personnelle de Michael Polanyi (même si je n'ai jamais entendu Peterson parler de lui) : étant donné le fossé infranchissable entre la connaissance subjective (ce qui est dans ma tête) et la réalité objective - qui rend la "connaissance objective" impossible - Polanyi a proposé la "connaissance personnelle". Plutôt que de déclarer la vérité absolue inatteignable, de jeter les armes et de se replier sur le relativisme, la connaissance personnelle implique de reconnaître que notre compréhension de la réalité est nécessairement limitée, mais de s'engager à rechercher la "vérité objective" au mieux de nos capacités, de prendre la responsabilité personnelle de notre recherche, de rendre compte de nos conclusions et de les confronter à celles des autres chercheurs. C'est en fait à peu près comme cela que la science fonctionne : étant donné que pour n'importe quel scientifique particulier leurs connaissances seront un mélange d'expérience subjective et de vraie vérité sur la réalité objective, de multiples scientifiques compareront leurs résultats dans l'espoir (foi) que les points communs seront plus proches de la réalité objective.

Mais qu'est-ce que cela a à voir avec la liberté d'expression, le politiquement correct et le totalitarisme ?

Ici, nous devons introduire un autre Petersonianisme (pas de son invention, mais une composante nécessaire de sa vision du monde), qui est la tension entre les pôles opposés du chaos et de l'ordre, que l'on pourrait aussi résumer comme "la civilisation" et "la nature sauvage". Trop de nature peut vous tuer, mais trop d'ordre peut finir par détruire ou nier l'individu, et même rendre la civilisation plus vulnérable en étant incapable de se "mettre à jour" pour s'adapter à une réalité changeante.

Il est donc absolument nécessaire que le "système" soit ouvert aux voix des plus clairvoyants qui sont capables de montrer où le système s'écarte de la réalité. Si le système suit sa tendance naturelle à faire taire toute opinion divergente, il se coupe d'une source potentielle de salut, et s'il refuse toute opinion divergente, il est condamné.

C'est pourquoi la liberté d'expression est si importante pour Peterson. La liberté d'expression est aussi la liberté de pensée (ce que les partisans du politiquement correct ne peuvent nier parce que tout le projet du politiquement correct est de changer la pensée des gens en contrôlant leur langue).

Je soupçonne que l'une des choses qui a attiré l'attention de Peterson était l'observation de l'autocensure des scientifiques. Pensez-y un instant dans le contexte de la science comme "quête de vérité objective", et des "diseurs de vérité comme gardiens de la civilisation". Qu'est-ce que cela signifie pour l'avenir d'une société si la politique est influencée par des gens qui ont compris qu'ils ne peuvent pas dire ce qu'ils pensent vraiment, ce qu'ils voient vraiment, ce qu'ils croient vraiment ?

Comme le dit Peterson : même au niveau individuel, ne pas dire la vérité, c'est effectivement prendre la réalité en adversaire, "et bon courage avec ça !" Et combien plus pour une nation qui se ment à elle-même ? C'est là qu'intervient Soljenitsyne, car l'une de ses révélations sur une société totalitaire comme celle qu'il a connue en Russie soviétique était que sa survie est basée sur l'acceptation générale continue du "mensonge". Dans le cas de la Russie, le mensonge était que la révolution avait fonctionné. Dire que vous n'étiez pas heureux et que les choses n'étaient pas géniales, c'était nier que la révolution fonctionnait ; donc non seulement les gens souffraient, mais ils ne pouvaient même pas dire qu'ils souffraient, ou l'admettre à eux-mêmes. Soljenitsyne détaille les difficultés particulières que les membres du partie communiste tombé de faveur ont eu à accepter de se retrouver dans le goulag : toute théorie farfelue était plus facile à supporter que l'idée que le système était tout simplement mauvais.

En résumé : la civilisation est bien parce qu'elle nous permet de ne pas pourir de faim ou de froid, ou de se faire dévorés par des prédateurs. Mais les civilisations ont naturellement et inévitablement tendance à concentrer le pouvoir et à devenir corrompues et tyranniques au fil du temps. C'est pourquoi le besoin de pouvoir "dire la vérité au pouvoir" est toujours présent.

La génération actuelle a été imbibée des récits apocalyptiques d'une sorte ou d'une autre, et convaincue que les choses s'empirent. Il y a toutes sortes d'appels à un changement radical. Et pourtant, à bien des égards, nous n'avons jamais été aussi bien : la pauvreté dans le monde s'effondre, la communication et l'information à l'échelle mondiale sont à la portée d'un nombre sans cesse croissant de personnes. Il est vrai que le système est fragile à bien des égards, mais il fonctionne aussi assez bien lorsqu'on le compare à toute autre solution non théorique. Il est donc préférable de ne pas s'en mêler si on ne sait pas ce que l'on fait. Et on devrait commencer par faire de l'ordre dans sa propre vie avant d'avoir la prétention de mettre la planète d'équerre. C'est là que l'idée de ranger sa chambre entre en jeu :).

I've been thinking about Jordan Peterson (as you do), and starting to have mildly critical thoughts (progress?!), though as you will see, only at the communication level.

He recently had a scathing article written about his agreement with "enforced monogamy", which actually sounds pretty bad, but it turns out it's a well known sociological notion. Well known to sociologists, that is. And herein lies problem number one: he seems to assume too much about his public's knowledge.

Problem number two is that beyond the long words, there are the long talks. Really long, like triple-sermon length (depending on your denomination, of course).

These two problems are actually part of the attraction to most of his followers: someone going against the grain of sound-bite culture, not dumbing down his listeners, but pushing them to up their game, their vocabulary, and their attention spans.

But now he's getting attention from the other kind of people, and he's not translating so well. Of course, a lot of this is bad faith and stupidity on the part of the media. But sometimes, if you want to reach a wider audience, it is wise to try and adapt what you say, to at least get something through the faulty filters.

Another thing that got me thinking was the rather catastrophic Munk (no, not monk, more's the pity) debate on Political Correctness. You should check it out, if you can bear it.

What made it so awful? Well there was the woman who pretty much said she didn't care about the subject of the debate, she was just there for a chance to attack Peterson. The black guy with her who doubled down on calling Peterson a "mad, mean, white guy", and liberally abused the ambiguity of "you" in the English language to accuse Peterson, and all white people everywhere, for anything bad that happened to non-white people in the last 400 years. Then Peterson going on about the group and the individual and "when the left goes too far". And poor Stephen Fry plaintively repeating "I thought we were supposed to be debating political correctness?".

Why was Peterson going on about the group and individual identities? What has that got to do with political correctness? Why does he link that to totalitarian states? Where's the Peterson who gave the enchanting "Psychological interpretation of the Bible" lecture series? Why's he letting himself get caught up in this political firestorm? What is the thing that ties this all together?

So what would the Reader's Digest version of Jordan Peterson look like?

I am going to choose "speaking the truth as I see it" as the central axiom through which we can understand what Peterson is about.

Of course, as he would say, "it depends what you mean by 'truth'". Peterson is a pragmatist, so he doesn't have much time for pure, theoretical or unattainable truth. So - very broadly speaking - if acting on this truth, in the world, brings about the expected result, then it's "true enough".

The "as I see it" doesn't imply pure subjectivity - what I feel, or what I wish was true - but is a simple recognition that we are finite beings in an (essentially) infinite universe. It's the pragmatic thing again: not waiting for absolute knowledge before speaking out.

In many ways this corresponds to Michael Polanyi's notion of personal knowledge (not that I've ever heard Peterson referring to him): given the unbridgeable chasm between subjective knowledge (the stuff inside my head) and objective reality - which makes "objective knowledge" impossible - Polanyi proposed "personal knowledge". Rather than declaring absolute truth to be unattainable, throwing up our arms and retreating into relativism, personal knowledge involves recognising that our grasp of reality is necessarily limited, but committing ourselves to seeking out the "objective truth" to the best of our abilities, taking personal responsibility for our search, giving an account of our conclusions and confronting them with those of other seekers. This is actually pretty much how science works: given that for any particular scientist their knowledge will be a mix of subjective experience and true truth about objective reality, multiple scientists will compare their results in the hope (faith) that the commonalities will be closer to representing objective reality.

But what's this got to do with free speech, political correctness and totalitarianism?

Here we need to introduce another Petersonianism (not of his invention, but a necessary component of his world view), which is the tension between the opposing poles of chaos and order, which one might also resume as 'civilisation' and 'nature, red in tooth and claw'. Too much nature can kill you, but too much order can end up destroying/denying the individual, and even making civilisation more vulnerable by being incapable of 'updating' itself to adapt to changing reality.

So it is absolutely necessary for the 'system' to be open to the voices of the more far-sighted who are able to point out where the system is diverging from reality. If the system follows its natural inclination to shut down any divergent opinions, it is cutting itself off from a potential source of salvation, and if it refuses any divergent opinions, it is doomed.

So this is why free speech is so important to Peterson. Freedom of speech is also freedom of thought (this the proponents of political correctness cannot deny because the whole project of political correctness is to change people's minds by policing their language).

I suspect that one of the things that brought this to the fore for Peterson was observing scientists self-censoring. Think about that for a moment in the context of science-as-a-quest-for-objective-truth, and speakers-of-truth-as-watchkeepers. What does it mean for the future of a society if policy is being influenced by people who have understood that they cannot say what they really think, what they really see, what they really believe?

As Peterson says: even on an individual level, not telling the truth is effectively picking a fight with reality, "good luck with that!". And how much more so for a nation which is lying to itself? This is where Solzhenitsyn comes in, as one of his revelations about a totalitarian society such as the one he experienced in Soviet Russia was that its survival is based on the continued general acceptance of "the lie". In the case of Russia the lie was that the revolution had worked. Saying you weren't happy and that things weren't great was effectively denying that the revolution was working, so not only did people suffer, but they couldn't even say they were suffering, or admit it to themselves. Solzhenitsyn details the particular difficulties that fallen-from-favour party apparatchiks had coming to terms with ending up in the gulag: any outlandish theory was easier to bear than the idea that the system was just plain bad.

To sum up: civilisation is great because it means we don't starve or freeze to death, or get eaten by marauding predators. But civilizations naturally and inevitably tend to concentrate power and become corrupt and tyrannical over time. Therefore the need to 'speak truth to power' is ever-present.

The current generation has been weaned on apocalyptic narratives of one sort of another, and convinced that things are getting worse. There are all sorts of calls for radical change. And yet, in many ways we've never had it so good: world poverty is plummeting, worldwide communication and information are at the fingertips of an ever-increasing number of people. It is true that the system is fragile in many ways, but it's also working pretty well when compared with any non-theoretical alternative. So it's best not to mess with it if you don't know what you're doing. And you should start by sorting your own life out before having the pretension of putting the planet to rights. That's where cleaning up your room comes in :).


Friday, June 01, 2018

Living it up.. the mountain


Le weekend de l'Ascension, j'ai décidé que c'était une bonne idée d'aller se promener un peu en montagne. Une des deux filles était d'accord, la deuxième a eu besoin de... encouragement!
A few weeks back I thought it would be a good idea to go for a little hike in the mountains. One of the two girls was motivated, the other one not so much!


Mais comme à chaque fois depuis ses trois ans, au bout de cinq minutes après le départ, elle était contente et on a passé un chouette moment ensemble.
But it was the time as every other time since she can walk - after protesting wildly, five minutes into the walk she was happy and chatty.


C'était encore la période des narcisses.
Rebecca a trouvé l'idée de s'inventer une histoire pour se motiver. Alors on disait chacun son tour une phrase, jusqu'à ce qu'on soit arrivés en haut.
There were lots of narcissi (?) on the way.
Rebecca found a great idea: of telling a story to help motivate ourselves. So we did 'take it in turns to invent the next sentence'. Fortunately our walk took a more direct route than our story did!


Et en haut il y a un restaurant et on a pris un bon quatre heures pour se féliciter.
Ici on voit les Dents du midi en fond.
At the top there was a restaurant, and in the restaurant there were nice things to eat and drink, to reward ourselves for the slog. (You can see the Dents du Midi in the background of this photo).