Imaginez deux adolescents qui, par des rencontres occasionnelles à travers des connaissances mutuelles, développent une amitié intermittente. Malgré de multiples déménagements, et des moments à l'étranger, l'amitié se poursuit en douceur. Des esprits qui se ressemblent, qui n'ont pas vraiment besoin d'en dire beaucoup pour savoir qu'ils partagent les mêmes traits de pensée. L'un se marie, et puis l'autre, qui déménage à l'étranger à long terme. La relation ayant toujours été basée sur les moments - le plus souvent fortuits - passés en compagnie l'un de l'autre, les choses se sont tues par une absence prolongée.
Puis un jour, sur un coup de tête, l'un des deux a pris son clavier et s'est assis pour écrire un long et paisible courriel racontant où il en était. La tâche de résumer cette grosse tranche de vie qui s'était déroulée entre deux l'a forcé à "dézoomer" et à adopter une vision à long terme, ce qu'il a trouvé personnellement bénéfique.
Compte tenu de la taille de la missive et de l'attention qu'il fallait lui accorder - en lecture et en réponse - l'autre garçon-devenu-un-homme-et-pourtant a mis plus de temps à répondre qu'il ne s'attendait.
Et ainsi les deux sont tombés dans une étrange danse épistolaire au ralenti, où les mails étaient échangés en alternance au mois de janvier - oui, vous avez bien compris - une année un email, l'année suivante la réponse, et ainsi de suite.
Et ça a continué comme ça, cinq ans, dix ans ? Ni l'un ni l'autre ne se souvenait vraiment, ni se donnait la peine d'allait contrôler. Qu'est-ce que ça changeait de toute façon ? L'important était cette expérience étrangement satisfaisante et désynchronisée de communier l'un avec l'autre, mais aussi avec soi-même - au présent et au passé - sur d'énormes périodes de temps (par rapport à nos habitudes modernes). Les deux, à leur tour, savouraient le moment (qu'il fallait déjà trouver, souvent lorsque le reste de la famille était au lit) de s'assoir avec un bon whisky, de relire la missive de l'année précédente, puis de répondre et de réfléchir sur leur propre vie ; de prendre plaisir à façonner des pensées et des mots dans le confort de leur propre esprit.
Ils étaient conscients, et en riaient, de cet étrange état des choses et évoquaient parfois la possibilité de s'accorder une exception à la règle. Mais à chaque fois, ils se sont éloignés du bord de la falaise ; trop inquiets qu'une telle concession à la normalité puisse briser la magie.
Et puis, un an, dans un court courriel hors cadence, l'un a suggéré à l'autre qu'il pourrait lui rendre visite. Mais en l'occurrence, les horaires ne se sont pas alignés et encore douze mois se sont écoulés.
L'année suivante, à la fin de son message, il réitère sa suggestion, et est légèrement perplexe de ne pas recevoir de réponse. Il s'est avéré que l'autre avait choisi de lire et de répondre progressivement sur plusieurs mois, et n'a pas atteint la partie importante avant mars !
Néanmoins, des plans ont été faits, des billets ont été achetés, des congés ont été demandés, et quelques mois plus tard - dans le jardin d'un bar à Lausanne - les deux amis ont été réunis.
Pour la première fois en dix-neuf ans.
Le reste de l'histoire, le temps seul le dira. Cette visite aura-t-elle "tout foutu en l'air", comme l'un l'a suggéré en plaisantant à l'autre, au moment de se quitter ?
Peu importe.
Quelques larmes ont été versées après quatre jours intenses passés ensemble, mais comme l'un d'eux a remarqué à sa fille (également en larmes) sur le chemin du retour de la gare :
C'est bien d'être triste à propos d'une belle chose.
et
Il y a des amitiés qui peuvent survivre à une absence de dix-neuf ans et en sortir renforcées.
Puis un jour, sur un coup de tête, l'un des deux a pris son clavier et s'est assis pour écrire un long et paisible courriel racontant où il en était. La tâche de résumer cette grosse tranche de vie qui s'était déroulée entre deux l'a forcé à "dézoomer" et à adopter une vision à long terme, ce qu'il a trouvé personnellement bénéfique.
Compte tenu de la taille de la missive et de l'attention qu'il fallait lui accorder - en lecture et en réponse - l'autre garçon-devenu-un-homme-et-pourtant a mis plus de temps à répondre qu'il ne s'attendait.
Et ainsi les deux sont tombés dans une étrange danse épistolaire au ralenti, où les mails étaient échangés en alternance au mois de janvier - oui, vous avez bien compris - une année un email, l'année suivante la réponse, et ainsi de suite.
Et ça a continué comme ça, cinq ans, dix ans ? Ni l'un ni l'autre ne se souvenait vraiment, ni se donnait la peine d'allait contrôler. Qu'est-ce que ça changeait de toute façon ? L'important était cette expérience étrangement satisfaisante et désynchronisée de communier l'un avec l'autre, mais aussi avec soi-même - au présent et au passé - sur d'énormes périodes de temps (par rapport à nos habitudes modernes). Les deux, à leur tour, savouraient le moment (qu'il fallait déjà trouver, souvent lorsque le reste de la famille était au lit) de s'assoir avec un bon whisky, de relire la missive de l'année précédente, puis de répondre et de réfléchir sur leur propre vie ; de prendre plaisir à façonner des pensées et des mots dans le confort de leur propre esprit.
Ils étaient conscients, et en riaient, de cet étrange état des choses et évoquaient parfois la possibilité de s'accorder une exception à la règle. Mais à chaque fois, ils se sont éloignés du bord de la falaise ; trop inquiets qu'une telle concession à la normalité puisse briser la magie.
Et puis, un an, dans un court courriel hors cadence, l'un a suggéré à l'autre qu'il pourrait lui rendre visite. Mais en l'occurrence, les horaires ne se sont pas alignés et encore douze mois se sont écoulés.
L'année suivante, à la fin de son message, il réitère sa suggestion, et est légèrement perplexe de ne pas recevoir de réponse. Il s'est avéré que l'autre avait choisi de lire et de répondre progressivement sur plusieurs mois, et n'a pas atteint la partie importante avant mars !
Néanmoins, des plans ont été faits, des billets ont été achetés, des congés ont été demandés, et quelques mois plus tard - dans le jardin d'un bar à Lausanne - les deux amis ont été réunis.
Pour la première fois en dix-neuf ans.
Le reste de l'histoire, le temps seul le dira. Cette visite aura-t-elle "tout foutu en l'air", comme l'un l'a suggéré en plaisantant à l'autre, au moment de se quitter ?
Peu importe.
Quelques larmes ont été versées après quatre jours intenses passés ensemble, mais comme l'un d'eux a remarqué à sa fille (également en larmes) sur le chemin du retour de la gare :
C'est bien d'être triste à propos d'une belle chose.
et
Il y a des amitiés qui peuvent survivre à une absence de dix-neuf ans et en sortir renforcées.
Imagine two teenage boys who by occasional encounters through mutual acquaintances develop an intermittent friendship. Despite multiple moves around the country, and seasons abroad, the friendship trundles on gently. Like minds not really needing to say that much to know that they share many of the same quirks of thought. One gets married, then the other, who moves abroad long term. The relationship only ever having been based on the - mostly serendipitous - moments spent in each other's company, things went silent though prolonged absence.
Then one day, on a whim, one of the two took up his keyboard and sat down to write a leisurely and lengthy email recounting where things were at for him. The task of summing up the large intervening chunk of life forced him to 'zoom out' and take the long view, which he found personally beneficial.
Given the size of the missive, and the attention needed to give it due respect - in reading and in replying - the other boy-become-a-man-and-yet ended up taking rather longer to answer than he expected.
And so the two fell into a strange slow-motion ritual epistolary dance, where mails were exchanged on alternating Januarys - yes, that's right - one year one email, the next year the answer, and so on.
And so it went on, five years, ten years? Neither could really remember, nor bother to look it up. What difference did it make anyway? The important thing was this weirdly satisfying out-of-sync experience of communing with each other, but also with oneself - present and past - over enormous periods of time - by modern standards. Both, when their turn came, would savour the moment (which took some finding, often when the rest of the family were in bed) of sitting down with a good whisky, re-reading the previous year's missive, then simultaneously replying and reflecting on their own life; taking pleasure in crafting thoughts and words from the comfort of their own mind.
They were laughingly self-aware about this strange state of affairs and sometimes evoked the possibility of allowing themselves the odd exception to the rule. But each time, they stepped back from the brink; too worried that such a concession to normality might break the magic.
And then, one year, in a short out-of-turn email, one suggested to the other that he might visit. But as it happened, the timetables didn't line up and twelve months drifted/raced by.
The following year, at the end of his message he reiterated his suggestion and was mildly perplexed to not get an answer. As it turned out, the other had opted to gradually read and answer over several months, and didn't reach the important part until March!
Nevertheless, plans were made, tickets were bought, time-off was requested, and a few months later - in the back garden of a bar in Lausanne - the two friends were reunited.
For the first time in nineteen years.
What the rest of the story is, time alone will tell. Will this visit have "screwed everything up", as one jokingly suggested to the other, on parting?
Whatever.
Tears were shed after four intense days together, but as one said to his daughter (also teary) on the way home from the station:
It's good to be sad about a beautiful thing.
and
There are friendships that can survive a nineteen year absence and come out stronger.
Then one day, on a whim, one of the two took up his keyboard and sat down to write a leisurely and lengthy email recounting where things were at for him. The task of summing up the large intervening chunk of life forced him to 'zoom out' and take the long view, which he found personally beneficial.
Given the size of the missive, and the attention needed to give it due respect - in reading and in replying - the other boy-become-a-man-and-yet ended up taking rather longer to answer than he expected.
And so the two fell into a strange slow-motion ritual epistolary dance, where mails were exchanged on alternating Januarys - yes, that's right - one year one email, the next year the answer, and so on.
And so it went on, five years, ten years? Neither could really remember, nor bother to look it up. What difference did it make anyway? The important thing was this weirdly satisfying out-of-sync experience of communing with each other, but also with oneself - present and past - over enormous periods of time - by modern standards. Both, when their turn came, would savour the moment (which took some finding, often when the rest of the family were in bed) of sitting down with a good whisky, re-reading the previous year's missive, then simultaneously replying and reflecting on their own life; taking pleasure in crafting thoughts and words from the comfort of their own mind.
They were laughingly self-aware about this strange state of affairs and sometimes evoked the possibility of allowing themselves the odd exception to the rule. But each time, they stepped back from the brink; too worried that such a concession to normality might break the magic.
And then, one year, in a short out-of-turn email, one suggested to the other that he might visit. But as it happened, the timetables didn't line up and twelve months drifted/raced by.
The following year, at the end of his message he reiterated his suggestion and was mildly perplexed to not get an answer. As it turned out, the other had opted to gradually read and answer over several months, and didn't reach the important part until March!
Nevertheless, plans were made, tickets were bought, time-off was requested, and a few months later - in the back garden of a bar in Lausanne - the two friends were reunited.
For the first time in nineteen years.
What the rest of the story is, time alone will tell. Will this visit have "screwed everything up", as one jokingly suggested to the other, on parting?
Whatever.
Tears were shed after four intense days together, but as one said to his daughter (also teary) on the way home from the station:
It's good to be sad about a beautiful thing.
and
There are friendships that can survive a nineteen year absence and come out stronger.
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