Ayant écouté et récouté la série de Jordan Peterson sur la
signification psychologique des récits bibliques (dont le premier est soutitré en français), et en attente de la suite (l'Exode, à la fin de l'année), je cherchais des idées de livres pour les trajets au boulot. J'ai toute une liste, mais souvent de livres en anglais, que je n'ai pas envie d'acheter (les étagères sont déjà pleins à rabord), mais que je ne peux pas emprunter à une bibliothèque.
Je me suis donc inscrit à Audible, juste pour voir, et le premier livre que j'ai choisi était Le monde perdu de la Genèse de John Walton (qui ne semble pas exister en français, désolé !)
J'ai plus de peine à me concentrer sur un livre audio que sur un livre 'en vrai' - en partie parce que mes yeux "s'ennuient" et cherchent quelque chose à faire. Du coup j'écoute le livre une deuxième fois. Mais c'est très très intéressant. Je vais essayer de résumer la thèse centrale en quelques mots.
L'auteur parle d'ontologie - qui tourne au tour de comment on définit ce que ça veut dire d'exister. Dans notre monde moderne occidental, l'existence est surtout perçue en termes matériels. Ce qui est matériel existe, ce qui n'est pas matériel n'existe pas. C'est une ontologie matérielle, et donc notre perception de ce qu'est la création (passage de la non-existence à l'existence) sera donc aussi matérielle. Notre lecture de Genèse est donc matérielle, et nos problèmes de reconciliation de la Bible avec la science viennent de là.
Selon sa lecture - notamment des textes anciens extra-bibliques (les mythes de création égyptiens, babyloniens, etc.) dans le monde ancien on avait plutôt une ontologie fonctionnelle. Le matériel avait peu d'intérêt, ce qui comptait c'était que les choses fonctionnent, soient à leur place, servent à quelque chose. Une analogie parlante est une entreprise - est-ce le bâtiment ou les bureaux qui font que l'entreprise existe, ou l'organisation interne, les commandes, etc.?
En lisant la Genèse avec ce regard, on voit la mise en place de fonctions, puis d'un contremaître (les humains), avant l'installation du patron le 7ème jour, et l'entrée en 'fonction' du tout. Pour Walton, le symbolisme est en lien avec le temple - un temple n'est pas d'abord un lieu d'adoration, mais un endroit où habite un dieu. Dans le cas de la Bible, l'univers est le temple de Dieu, et le premier chapitre de Genèse est un récit de l'inauguration de son temple. Peut-être était-ce aussi effectivement une liturgie d'inauguration du temple de Jérusalem ?
Enfin, très intéressant.
Having listened to Jordan Peterson's
biblical series twice over, and still waiting for the follow-up (Exodus is supposed to be coming out at the end of the year) I've been casting around for something to read on my daily commute. The problem is that most of my reading list is in English, and it's not books I really want to buy (our shelves are groaning already). And I can't borrow them from the library here either - I mean there are English-language sections, but my tastes are not mass market by any stretch of the imagination.
So I've signed up for Audible (audio books) just to see. And the first book I chose was The Lost World of Genesis by John Walton.
I've found that it's more difficult for me to concentrate on an audio book than a real book. Mostly because my eyes get bored and want something to do. So when I got to the end I started again because I'm fairly sure I've missed some chunks. But it's a very interesting book. I'm going to try and resume the central thesis in a few paragraphs.
A new word for me - or rather a word I've been reading for years but never really got a handle on - was 'ontology', which (by the author's reckoning) is about what we mean when we say that something exists. In our modern scientific world, existence is mostly perceived in material terms. If you can touch it (mostly), it exists, if not, it doesn't ("I'll believe it when I see it" is naive to the point of stupidity, but lots of people mean it when they say it). This is a materialistic ontology, and thus our perception of what creation is (going from non-existence to existence) is also materialistic. Our reading of Genesis is coloured by this, and we think of it in material terms. And this is where all our problems of Bible vs science come from.
From the author's reading of ancient texts (Egyptian, Bablyonian creation myths, etc), in the ancient world they had a more functional ontology. The material aspect was of little interest, what counted was that things were functional, in their place, doing something. One analogy he uses is that of a company - is it existence of a company defined by the buildings and the desks, or by the internal structure, orders coming in, products going out, etc.?
If we read the first chapter of Genesis with these glasses on, we see different functions being instated (time, weather, food, reproduction), a foreman employed (humanity), and on the 7th day the boss moves into his office and the company 'exists' for real. For Walton, this is linked to the temple. A temple is not primarily a place of worship, but a dwelling for a god. In the case of the Bible, the cosmos is God's temple, and the first chapter of Genesis is a recount of the inauguration of this temple. It may even be that it was also a liturgy for the inauguration of the temple in Jerusalem.
Food for thought, in any case. May switch to Kindle though :)